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La famille Bernard est leader français sur le marché des eaux-de-vie et important négociant en grands vins de Bordeaux.
« En 1983 je ne suis pas très vieux ; notre groupe familial achète le Domaine de Chevalier et me propose de m’en occuper, raconte Olivier Bernard. L’ancien propriétaire Claude Ricard est resté avec moi cinq ans et il m’a formé, m’a propulsé, m’a confié la propriété dans de très bonnes conditions. Ça c’est un grand atout. Mon autre professeur c’est mon père qui m’a appris les Affaires ».
Le Domaine de Chevalier est d’origine très ancienne : il est représenté en 1783 sous le nom de Chivaley sur la carte de Pierre de Belleyme, l’ingénieur géographe de Louis XVI. « On a un peu poussé les murs pour Chevalier qui est passé de 18 à 65 hectares d’un seul tenant, avec le temps », vignes plantées par Olivier durant 35 ans. « Quand vous avez un Cru classé comme Chevalier, et autour des terres AOC non plantées, il me semble que votre devoir est de les acquérir et de les planter, dit-il. Celles que j’ai achetées et plantées en 80 sont les plus belles parcelles actuellement. »
Olivier Bernard arrache, replante le vignoble vieillissant qui porte des fruits sublimes aujourd’hui, achète des parcelles, des terroirs de Chivaley mis de coté ; il produit un premier Second vin en 86, le tout vers l’excellence.
Le Domaine de Chevalier rouge appartient à l’élite des grands Crus classés de Bordeaux ; le Domaine de Chevalier Blanc, remarquable vin de garde, est reconnu comme l’un des plus grands vins blancs secs du monde.
Olivier Bernard a repris 18 hectares en 1983, il en a vinifié 196 en 2018.
« On a repris le Domaine de la Solitude, 32 hectares en Pessac Léognan qui appartient à la communauté religieuse La Sainte-famille, que nous gérons depuis 93 ; il est réputé et vendu dans ma région, en Aquitaine, à 50% ; j’en suis heureux et fier.
Nous gérons les 9 hectares de château Lesbault-Martillac dans la même appellation, depuis 2009.
Chaque propriété a son entité respectée, ses gènes, son patrimoine, son histoire. « Ce n’est pas en uniformisant que l’on gagne en qualité ».
« Je n’ai jamais voulu investir mon temps ni mes moyens en Espagne, en Australie ou en Argentine. Je sais faire bien ce que je comprends bien et ce que je vois bien. J’ai besoin d’avoir mes vignes pas loin : la vigne la plus éloignée que je gère aujourd’hui est à 30 minutes de chez moi et ça ça me va bien ; la proximité est une des valeurs essentielles de la qualité. On ne peut pas faire des grands vins à 3 000 kilomètres de chez soi. J’aime comprendre, voir, observer, échanger alors oui j’ai besoin de proximité. J’aime sentir la terre et je sais, en ramassant mon raisin, après l’avoir élevé, foulé les vignes en août, quel vin je vais faire ».
Parallèlement à ses vignobles en Pessac Léognan, Olivier Bernard est l’un des quatre actionnaires de château Guiraud à Sauternes.
C’est là, à Sauternes, terroir connu pour ses vins liquoreux de très haute qualité, qu’Olivier Bernard a décidé, en 2011, de produire un vin blanc sec. « J’ai donc acheté 12 hectares. J’en ai 75 aujourd’hui repartis sur les cinq communes de Sauternes ». Le Clos des Lunes d’Olivier Bernard est vendangé à maturité, sain, et grappe par grappe comme au Domaine de Chevalier. « Je le dis à qui veut l’entendre : Sauternes fait partie des cinq grandes régions de vins blancs du monde et sur cette région on y fait des secs d’anthologie.» Olivier n’est pas le seul à produire du blanc sec en Sauternais, c’est une vieille tradition, même à Yquem, mais sa production est moindre voire exceptionnelle ; alors que le Clos des Lunes dédie ses 75 hectares au blanc sec et très exceptionnellement au liquoreux.
« On m’a proposé beaucoup de parcelles en Sauternes et je les ai sélectionnés, poursuit-il. Sauternes est un vieux terroir ; les anciens, les vieux du coin ils savent bien ce qu’ils ont sous les pieds. Les bons coins sont connus. Et sur Bommes nous avons acheté des terrains sur lequel le Botrytis se met difficilement en place et produit un sec extraordinaire » (le champignon Botrytis cinerea rend le raisin liquoreux).
Olivier Bernard aime les petites entités avec leur philosophie de production, leur équipe et manager, le tout dédié au fruit. Elles explorent la qualité de chaque parcelle, les expressions différentes du sémillon, le cépage roi ici.
« Je sais, en voyant un raisin, si je vais faire un grand vin. Et particulièrement avec les raisins blancs parce que la vision du fruit est beaucoup plus expressive qualitativement qu’un raisin rouge. Un raisin blanc est vert, jaune, doré, doré translucide, tacheté, transparent, légèrement confit, voilà toute une palette de nuances incroyables qui peuvent monter à quel point un raisin blanc peut aller jusqu’au bout dans la maturité. Et puis en bouche, la dégustation d’un blanc est tout à fait étonnante également et permet de savoir assez vite si il a le potentiel d’un grand vin ou pas ».
« Je suis un passionné de bateau ; sur le bassin d’Arcachon je suis à proximité de mes vignes, je garde le contact ; j’ai besoin de discuter avec le millésime, j’ai besoin de lui parler, j’ai besoin qu’il me parle, comprendre son aspect. Les fondamentaux de notre métier c’est le fruit. Il faut savoir l’élever, faire de bons choix viticoles, aller jusqu’au bout dans tous les domaines, avec une remise en question permanente ».
« Anne et moi nous nous sommes mariés en 1984 ; on a deux fils Adrien et Hugo qui travaillent avec moi. Anne, d’abord elle partage ma vie et elle reçoit avec moi ; nous aimons ouvrir notre maison de Chevalier, elle n’est pas un lieu de travail mais un lieu de vie. Mes vignes ce n’est pas mon boulot c’est ma vie ».
Olivier Bernard a présidé l’Union des Grands Crus de Bordeaux pendant 5 ans ½ ; il donna de son temps, de son énergie. « L’UGCB mérite qu’on s’occupe d’elle. C’est un organisme magnifique unique au monde » dit-il. 134 propriétés en 2018, 80 manifestations par an, un budget annuel de 6 millions…Il y a peu de turn over et le cahier des charges pour les Châteaux désirant rentrer à l’Union, est tout simplement le vote de ses adhérents, propriétaires de Châteaux. Ronan Laborde, patron de Château Clinet à Pomerol, a été élu le 13 02 19 nouveau président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux.
Photo © Laurence Lemaire
Edition n°13
Les 162 vignobles français achetés par les Chinois sont décrits : 150 Châteaux de Bordeaux, 10 vignobles en France, 2 Maisons de cognac.
Pourquoi ces vignobles sont-ils en vente ? Pourquoi les Chinois les achètent-ils ?
250 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset.
Version numérique en PDF mise à jour au quotidien – 8€, et sa version papier en librairie mise à jour tous les 3 mois sont en vente sur ce blog et sur le site www.levinlerougelachine.com