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Nan Ping Gao, une Chinoise enracinée dans les vignes françaises – Hebdo Vin Chine de Laurence Lemaire Blog Vin Bordeaux Chine

Nan Ping Gao, une Chinoise enracinée dans les vignes françaises

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04 07 22 – Château La Bastide a été vendu par Anne-Marie et Guilhem Durand qui n’avait pas de successeurs. Il a été acheté le 20 janvier 2015 par Min Yu qui dirige HBC, basé à Pékin et à Hong Kong. C’est la 1ère acquisition dans le Languedoc d’un domaine viticole par un Chinois

Nan Ping Gao, une Chinoise enracinée dans les vignes françaises

Ci-dessous l’article de l’AFP publié le 03 juillet 2022

Arrivée de Chine en 1986, Nan Ping Gao est devenue une figure du vignoble français des Corbières à la tête de château La Bastide ; elle a tiré d’une terre aride des cuvées servies dans une vingtaine de restaurants étoilés.

« Ils voulaient acheter à Bordeaux, je les ai convaincus d’investir dans les Corbières », relate-t-elle souriante, devant la grande demeure du XVIIIème siècle, au cœur du domaine acquis en 2015 par le groupe chinois BHC International Wine Assets Management. Avec leur cabinet de conseils, Nan Ping Gao et son mari Xu n’étaient initialement que des intermédiaires pour la transaction. Mais ils ont été promus à la tête de l’exploitation de 180 hectares dont environ 60 de vignes, située sur les communes d’Escales et Lézignan-Corbières, entre Carcassonne et Narbonne.

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Cette femme de 60 ans ironise sur son irruption dans un milieu viticole plutôt fermé. « Au début, avec ma tête de Chinoise, cela n’a pas été facile. On n’a pas été accueillis chaleureusement. Mais à force de travail et de passion, on s’est fait respecter et accepter », dit-elle à l’AFP. Depuis, elle n’a pas pris un jour de vacances et prépare sa 8ème vendange.

Membre de la Confrérie des illustres seigneurs des Corbières, de l’association Parole de femmes Aude, intronisée au Consulat de Septimanie, organisme local de promotion des vins, et bientôt à l’Académie universelle du cassoulet, son engagement pour le terroir est largement salué.

Née de parents enseignants en 1962, elle a grandi à Chengdu, capitale de la province du Sichuan. A 24 ans, elle part poursuivre ses études de littérature en France à Montpellier. Elle y découvre le vin et rencontre son mari, Chinois aussi, qui prépare un doctorat en géologie. En 1989, pendant les évènements de la place Tian An Men, elle s’est mobilisée contre le gouvernement chinois. Déchue de sa nationalité, elle sera naturalisée française en 1993. Nan Ping et Xu Gao travaillent ensemble. A Montpellier, où elle était interprète du maire Georges Frêche, ils ont tenu un restaurant pendant 20 ans et créé un cabinet de conseil mettant en relation les viticulteurs du Languedoc et des importateurs en Chine. « Elle a les idées, je les mets en œuvre. Moi, c’est plutôt les chiffres et les finances, elle la stratégie. Elle est littéraire et créative, je suis scientifique », résume son mari, 62 ans, avenant et discret. Joviale et hyperactive, lunettes rondes et T-shirt rouge siglé Château La Bastide, Nan Ping Gao parcourt ses vignes dès le lever du jour, surveille les prévisions météo. Evoquant le gel tardif de 2021, elle a les larmes aux yeux : « Là, j’étais à genoux. On a perdu 80% de la récolte », se souvient-elle en passant la main parmi les feuilles d’un vert intense qui cachent des grappes bien formées.

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« Ils ont énormément développé le domaine, salue Catherine Verneuil, directrice du syndicat général de l’AOC Corbières. La Bastide est devenu un cru de prestige, c’est précieux pour l’image de l’appellation ». Sur les 250 exploitations du terroir, une poignée est sous pavillon russe, belge ou britannique. Seule La Bastide appartient à des Chinois, quand le Bordelais en compte plus de 150. Les bonnes années, la production atteint 350.000 bouteilles de rouge, blanc et rosé, vendue de 7 à 35 euros. Environ 1/3 est exporté en Chine, 2ème marché après la France. « La Bastide affiche 18 récompenses dont 8 médailles d’or. Ce fleuron des Corbières était à l’abandon. Ils lui ont redonné son éclat », souligne Michèle Granier, chancelier du Consulat de Septimanie.

Nan Ping Gao, mère de 2 enfants et grand-mère, n’envisage pas de prendre sa retraite. « Le travail me remplit de joie », dit-elle, attachée depuis 2 ans à la conversion en bio du vignoble afin de revenir aux méthodes ancestrales. Une de ses fiertés est la cuvée Istoria, assemblage des cépages syrah et grenache avec un soupçon de mourvèdre : elle accompagne les plats de Gilles Goujon à l’Auberge du Vieux puits à Fontjoncousse, 3 étoiles au Michelin. « Les chefs sont les meilleurs ambassadeurs » selon elle. Le plus difficile à convaincre a été un restaurateur de Lézignan-Corbières, ancien rugbyman ; pour tenir la conversation, Nan Ping Gao s’est initiée au rugby à XIII ; il a fini par incorporer les vins de La Bastide à sa carte.

Le Vin, le Rouge, la Chine

Les 169 vignobles français achetés par les Chinois sont décrits : 157 Châteaux de Bordeaux, 10 vignobles en France, 2 Maisons de cognac.
Pourquoi ces vignobles sont-ils en vente ? Pourquoi les Chinois les achètent-ils ?
255 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset.
Version numérique en PDF mise à jour au quotidien – 8€, et sa version papier en librairie mise à jour tous les ans sont en vente sur ce blog et sur le site www.levinlerougelachine.com

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