20 09 15 – Climat est la traduction bourguignonne de terroir, dit parcelle dans le bordelais ; les climats bourguignon ont été délimités et nommés au fil de l’Histoire.
Le 5 juillet 2015, les 1247 climats de Bourgogne ont été classés par l’UNESCO. Ils sont situés sur les pentes de la côte de Nuits et de la côte de Beaune, soit 8000 hectares sur 60 km.
Le classement couvre 5 intercommunalités et concerne plus de 140 villes et villages.
Ces climats ont été reconnus au titre de Paysage culturel lors de la 39ème session du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, à Bonn en Allemagne, pour leur géologie, leur sol, pente, exposition, conditions météorologiques, cépage, le savoir-faire et les traditions millénaires… Exceptionnels. Ils sont l’expression la plus aboutie de l’identité du territoire. La Romanée, classé parmi les grands crus de la côte de Nuits, est le plus petit Climat de France avec 0,85 ha.
Voir http://www.climats-bourgogne.com/experience/
De nombreuses étapes sont à franchir avant d’obtenir la reconnaissance de l’Unesco – 8 années de travail pour la Bourgogne. La durée moyenne d’instruction d’un dossier est de 10 ans.
l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture a été créée le 16 novembre 1945.
Fin 2013, 981 Biens de 160 Etats, qui sont culturels et naturels, exceptionnels et de valeur universelle, étaient inscrits au Patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO. La France en compte 41. Tous les 5 ans, l’UNESCO revoit les valeurs de chaque Bien, afin de le garder ou de le rayer de la liste.
Depuis le 28 juin 2007, la zone classée de la ville de Bordeaux par l’UNESCO va de l’intérieur de ses boulevards jusqu’à la Garonne incluse : c’est à dire 1810 hectares, un petit tiers de la superficie de la ville qui compte 4 455 hectares. En 1967, André Malraux avait déjà délimité un secteur de 147 hectares de la vieille ville, toujours sauvegardé aujourd’hui.
En 1999, l’UNESCO a inscrit, pour la 1ère fois, un paysage viticole au Patrimoine mondial. Ce n’est pas la commune de Saint-Emilion en tant que telle qui a été distinguée, mais l’ensemble de ses huit communes qui formait la juridiction de Saint-Emilion au Moyen-âge, soit 7 846 hectares : Saint-Émilion, Saint-Sulpice-de-Faleyrens, Vignonet, Saint-Christophe-des-Bardes, Saint-Étienne-de-Lisse, Saint-Laurent-des-Combes, Saint-Pey-d’Armens et Saint-Hippolyte.
Le 30 juin 2015, la Chine a reconnu “l’indication géographique Bordeaux” pour les vins et lutte ainsi contre la contrefaçon.
En juillet 2015, l’UNESCO s’est également prononcé en faveur de l’inscription des “coteaux, maisons et caves” de Champagne, soit les lieux où fut développée la méthode d’élaboration des vins effervescents. Cette inscription concerne 3 sites : l’avenue de Champagne à Épernay où sont alignées les Maisons de négociants au-dessus des caves où vieillissent des millions de bouteilles, la colline Saint-Nicaise à Reims et ses sous-sols utilisés pour la vinification et le stockage, et les coteaux historiques autour d’Épernay.
Le 27 mai 2013, la Chine a reconnu l’appellation Champagne. Ses contrefaçons sont donc appelées à disparaître.
En Bourgogne dans le département de la Côte d’Or, c’est à Gevrey-Chambertin que les recherches archéologiques ont découvert des vignes gallo-romaines du 1er siècle avant notre ère.
Les 409 hectares de l’appellation Gevrey-Chambertin sont les plus prestigieux du vignoble de Bourgogne ; cette AOC produit 32 Grands crus de Bourgogne sur 88,39 hectares.
Situé dans cette appellation, Château Gevrey-Chambertin a été vendu le 27 août 2012, contre 8 millions d’euros, à Louis Ng Chi Sing, homme d’affaire collectionneur de vin depuis plus de 20 ans et partenaire de Stanley Ho qui possède 17 casinos à Macao.
C’est le 1er investissement chinois en Bourgogne.
Depuis 1858, la famille Masson était propriétaire de cette forteresse médiévale, inscrite au registre des Monuments historiques en 1993, et bâtie entre le XIème et le XIIIe siècle. Sa valeur estimée avoisinait 3,5 millions d’euros. Les viticulteurs locaux ont fait deux propositions à 4 millions puis à 5 millions, refusées par la famille Masson.
«C’est un emblème qui disparaît» disait Jean-Michel Guillot, président du Syndicat des vignerons du village. «On atteint des sommets financiers. On craint la montée en puissance de la valeur des vignes pour les futures générations» déplorait un viticulteur.
Contrairement aux vignobles bordelais relativement vastes, ceux de Bourgogne ont des parcelles très petites appelées Climats.
Le vignoble de château Gevrey-Chambertin compte 2,3 hectares ; il produit environ 12 000 bouteilles par an en 1er cru et Grand cru classé. Le propriétaire chinois a confié l’exploitation du domaine à 2 vignerons locaux.
La Safer, Société d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural, est systématiquement informée des projets de vente par les notaires ; elle peut acheter à la place de l’acquéreur pour éviter la surenchère des prix et ainsi, favoriser le développement local. La Safer a voulu préempter la vente du château, mais le bien était géré en indivision et la loi française ne lui permet pas de s’opposer à la vente quand ce sont des parts de société.
L’écrivain Alain Marty écrivait dans son essai Ils vont tuer le vin français ! paru en juin 2004 aux Éditions Ramsay : « Il fut un temps où les grandes appellations françaises étaient les seules à faire rêver le monde entier. Aujourd’hui, ce patrimoine culturel au fort potentiel économique, traverse une crise profonde. Nos exportations reculent face à la concurrence des pays du nouveau monde, tels les États-Unis, l’Argentine ou l’Australie. Un nouvel ordre international, où s’affrontent logiques industrielles et savoir-faire ancestraux, s’est imposé. Il devient urgent de sauver le vin français.»
Les viticulteurs bourguignons ont été tellement déplaisants lors de l’achat de Gevrey-Chambertin par Louis Ng Chi Sing, que les Chinois ont boycotté l’export des vins de Bourgogne pendant quelques mois. Le salon French GourMay a quand même célébré la Bourgogne en mai 2013 à Hong Kong et Macao pour sa 5ème édition.
Jeannie Cho Lee, oenologue réputée de Hong Kong, confirme la «passion sincère et déjà ancienne pour le vin » du propriétaire chinois Louis Ng Chi Sing. Pour elle, « la méfiance à l’égard des Chinois fait écho à la fraîcheur avec laquelle les Japonais, en leur temps, avaient été reçus dans les chais.» En septembre 1988, le groupe japonais Takashimaya avait voulu acheter le prestigieux vignoble bourguignon de la Romanée-Conti : le Ministre de l’Agriculture français aurait demandé au Ministre de l’Economie de stopper la transaction. Pourtant propriétaire d’une chaîne de grands magasins au Japon et importateur de vins, Takashimaya souhaitait seulement acheter 33,61% de la société qui commercialisait ce Grand cru classé.
La Bourgogne et ses vignobles accueillent de plus en plus de tournages. Jérôme Le Maire est le réalisateur de Premiers crus qui est sorti le 23 septembre 2015 en salles. L’histoire se déroule en Côte-d’Or dans un domaine viticole au bord de la faillite, car le père, joué par Gérard Lanvin, a perdu le goût du vin. Son fils est un œnologue parisien réputé, interprété par Jalil Lespert ; il doit prouver à son père qu’il est digne de ce terroir transmis de génération en génération.
Après La veine du vigneron de la réalisatrice néo-zélandaise Niki Caro, et la série de France 3 Le sang de la vigne, les Climats bourguignons continuent d’attirer les tournages. Au printemps 2015, Benoît Delépine et Gustave Kervern ont tourné Saint-Amour autour de la route des vins avec Gérard Depardieu. Cédric Klapisch a filmé près de Beaune l’histoire d’une famille de vignerons.
Lire le Vin, le Rouge, la Chine sur les investissements des Chinois dans les vignobles français : les 143 domaines sont décrits. 250 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset. Version papier et sa numérique 8€ seulement sur www.levinlerougelachine.com