28 06 20 – Les six employés de Château de Pic, au Tourne en Gironde, sont sans nouvelles du propriétaire chinois depuis février 2020. Une nouvelle occasion de coup de bâton contre les Chinois investisseurs
Château de Pic © Guillaume Delmarre
Les Xu, Jie le père né en 1984 et son fils cadet : ce sont les chinois qui ont racheté le domaine de Pic en août 2019 à un autre chinois : Monsieur Shourui Wu. « A ce que l’on a compris, il s’agit d’entrepreneurs à la tête d’un groupe : Ningxia Jianuo, spécialisé dans l’immobilier et qui fait aussi de l’import-export. Ils sont installés dans la ville de Yinchuan, dans le nord de la Chine. C’est aussi la ville d’origine du précédent propriétaire, Shourui Wu, qui avait racheté Château de Pic en 2012 », racontent les salariés au quotidien régional Sud-Ouest. Monsieur Jie Xu est gérant officiel du domaine depuis le 19 septembre 2019.
L’équipe française n’a rencontré que le fils depuis le rachat du domaine.
Et depuis février 2020, « plus aucun argent n’arrive. Quatre millésimes attendent dans le chai d’être mis en bouteille. Plus aucun fournisseur ne veut travailler avec nous à cause des impayés. On n’a pas pu faire la taille cette année, ce qui peut nous conduire à perdre l’appellation, le cahier des charges n’étant pas respecté », explique Bernard Pitoux, maître de chai et chef de culture du château depuis 2005. « Ma famille m’envoie de l’argent pour manger, j’ai recours au secours populaire, j’ai travaillé toute ma vie, je suis très énervé », dit Jérémy Manteau, tractoriste du domaine. « On ne peut même plus acheter de gasoil. C’est mon outil de travail, poursuit Bernard Pitoux. J’ai pratiquement fait toutes les plantations, vous avez vu dans quel état elles sont ?…Il n’y aura pas de récolte cette année, c’est une catastrophe. » Hélène Pauly, la responsable administrative du château, depuis des années elle aussi, explique : « le dernier salaire complet c’était le mois de janvier. En juin je suis arrivée à la fin du découvert autorisé ; quand j’ai demandé à l’augmenter on m’a répondu non. »
Ange Chen est l’intermédiaire entre l’équipe française et les propriétaires chinois depuis plusieurs années. Elle parle de grandes difficultés financières du groupe, de la crise du Coronavirus ; la direction chinoise est avare de communications et d’explications. Trois salariés ont porté l’affaire en justice. Le 17 juin 2020, ils ont reçu leur licenciement par mail, écrit en mandarin, sans procédure !
Marc Sabourin de la CDFT agro-alimentaire, Bernard Pitoux et Jérémy Manteau © FTV
Il s’est prononcé le 25 juin 2020 : les patrons doivent verser les arriérés de salaires aux employés, à savoir quatre mois et deux 13ème mois. Corrine Lantheaume, qui porte le dossier pour la CFDT, entame plusieurs procédures : une demande de résiliation judiciaire des contrats, une accélération de la demande du dépôt de bilan… « des propriétés achetées par des personnes extrêmement loin et une méconnaissance de la culture française et de la culture du vin. » « Les salariés ont eu gain de cause devant le tribunal mais gain de cause ne veut pas dire payés, avoue Marc Sabourin de la CFDT Agro-alimentaire, car les dirigeants chinois ne sont pas en France. Il va être compliqué de les toucher, ils ne sont pas présents, ils ne répondent pas à nos mail, nos courriers nos convocations. » Mais le siège social est en France : il peut donc y avoir saisi du mobilier et de l’immobilier au terme d’une procédure pour que les salaires soient versés. Les salariés devront être patients. La justice française est trop lente et la Covid19 n’aide en rien !
Voyez le reportage de l’équipe de France 3 région et mon intervention sur le plateau du 19 / 20 ce 26 juin : https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/emissions/jt-1920-aquitaine
Après quelques pages de pub : Les Titres à 8’32’’ et le reportage / interview à 13’50’’
François Masson Regnault avait vendu son château car ses enfants ne souhaitaient pas reprendre son activité. Le chinois Shourui Wu avait 35 ans en décembre 2012. Il est négociant, distributeur d’alcool de riz et de thé et importateur d’alcools et de vins en Chine. Avec l’acquisition du domaine pour la somme de quatre millions d’euros, Shourui Wu avait un produit phare pour sa distribution en Chine ; avec son activité de négoce, il assurait les achats de vins français et maîtrisait son image. Il a engagé rapidement de grands travaux afin de remettre en état les infrastructures et le vignoble. Mais il avait la réputation d’être méfiant, paranoïaque ; aucun français ne lui convenait, tous étaient coupables… Certains, las de son manque de confiance, ont démissionné.
Shourui Wu a vendu ce domaine 7 ans plus tard en août 2019 aux Xu père et et fils, originaires de la même province en Chine. Pourquoi ? A qui profitent cette vente et ses licenciements ? Quelles sont les intentions de la famille Xu ? Le réseau chinois… Les copains…
Pour son anniversaire de 37 ans, Shourui Wu a installé cette roche devant son château © FTV
Hélène Pauly rappelle : « Il y a des châteaux rachetés par des investisseurs chinois qui fonctionnent mais d’autres sont complétement fermés. On voit des châteaux petit à petit abandonnés. Ils n’emploient plus personne, les bâtiments sont fermés. Ils prennent des prestataires en France pour l’entretien des vignes ». En juillet 2018, 10 châteaux viticoles chinois du groupe Haichang – qui possède 25 propriétés en bordelais, ont été saisis par la justice pour des infractions dans les montages financiers ayant permis leurs acquisitions. Les bâtiments sont à l’abandon : https://www.hebdovinchine.com/bordeaux-chateaux-chinois-saisis/
En février 2019, Philippe Sollers et des vignerons bordelais s’indignaient des re-nominations des châteaux achetés par l’entrepreneur Chi Keung Tong : Larteau en Lapin Impérial, Tour Saint Pierre en Lapin d’Or, Clos Bel-Air en Grande Antilope, Senilhac en Antilope Tibétaine. Mais depuis, les vins de ces châteaux aux étiquettes ‘’chinoisants’’ se vendent mieux en Chine. https://www.hebdovinchine.com/philippe-sollers-noms-chateaux-chinois-bordeaux/
D’autres chinois n’ont pas su s’intégrer et ont fait des erreurs. Ils sont 7 ou 8, pas plus, à véhiculer une mauvaise image en bordelais. Les autres, 80 propriétaires pour 158 châteaux, font un travail à la française, investissent, modernisent et commercent au mieux leur bon vin récolté. Comment faire ? La différence culturelle est grande entre la Chine et la France. Faut-il demander aux Chinois de rendre des comptes ? Sans rien exiger des compagnies d’assurances, banques, Belges, Américains et autres ? Le marché chinois pour nos vins est trop important.
Ses 42 hectares produisent des vins Rouge, Blanc, Rosé en appellation Cadillac Côtes de Bordeaux, et du Crémant de Bordeaux. Il domine la vallée de la Garonne et bénéficie d’une exposition et d’un terroir exceptionnels ; ses croupes argilo-graveleuses sont drainées naturellement.
Ce domaine est connu depuis 1561 ; à cette époque, son vin produisait le ‘’claret’’, un vin clair issu de l’assemblage du vins rouge et blanc, principalement destiné aux tables anglaises. Sous l’influence des Hollandais, il a produit des vins noirs – le vin rouge actuel, et le clairet.
Château de Pic est exporté en Chine et en Europe. Il est aussi en vente au château et à La Closière, Maison de vins de Cadillac.
Les deux tours d’escaliers en angle du château datent de la fin du XVIème siècle ; elles ont été doublées en profondeur au XVIIIème siècle ; l’intérieur du château a été restauré au XIXème siècle puis modernisé.
Les 170 vignobles français achetés par les Chinois sont décrits : 158 Châteaux de Bordeaux, 10 vignobles en France, 2 Maisons de cognac.
Pourquoi ces vignobles sont-ils en vente ? Pourquoi les Chinois les achètent-ils ?
255 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset.
Version numérique en PDF mise à jour au quotidien – 8€, et sa version papier en librairie mise à jour tous les 6 mois, en vente sur ce blog et sur le site www.levinlerougelachine.com