Le cépage Carmenère

10 12 16 – Sur les coteaux surplombant l’Isle, à 5 kms de Pomerol, l’encépagement est majoritairement composé de merlot. Un autre cépage est élégamment travaillé pour un 100% : rarement utilisé à Bordeaux, le Carmenère est le 6ème cépage accepté par les décrets de l’appellation.

Le Carmenère est appelé aussi Grande Vidure

C’est un cépage d’origine bordelaise du XVIIème siècle, résultat du métissage du cabernet franc avec le gros cabernet utilisé en Australie ; il a disparu du bordelais suite aux ravages du phylloxera au XIXème siècle. Il n’a pratiquement pas été replanté dus à ses faibles rendements et sa grande sensibilité à la coulure ; il craint la pourriture grise des automnes humides, il aime les terres peu fertiles dans des zones chaudes. Son nez tend vers la mûre, la betterave, le café, les épices et la réglisse.

Le Carmenère au Chili

Don Cousiño et Silvestre Ochagavia, un aristocrate chilien, avaient eu l’heureuse idée d’emporter outre-Atlantique quelques pieds de Carmenère, qui ont ainsi échappé au désastre de la maladie, avant de sombrer dans l’oubli total en France.
Le vignoble chilien occupe 100 000 hectares et reste l’un des rares sols au monde à être indemne du phylloxéra : cela permet d’avoir des plants francs de pieds ; des vins chiliens proposent le Carmenère en mono-cépage.
En 1991, les vins chiliens commencent à s’imposer sur le marché mondial. Claude Valat, œnologue français de l’université de Montpellier, arpente les vignes du Domaine Carmen au Chili ; il remarque des pieds insolites au milieu de plants de merlot : ses raisins sont plus gros, la couleur des feuilles diffère. Trois années et des analyses ADN sont nécessaires…En 1994, le français Jean-Michel Bourisquot, ampélographe, l’identifie comme le Carmenère bordelais non greffés du XIXème siècle.
La gamme Hacienda Araucano de François Lurton regroupe plusieurs cépages dont le Carmenère au nez de bonbon. « Réaliser sur chaque terroir un vin qui en soit le meilleur reflet possible » dit-il. Ses vignes de la région de Lolol et ses vieilles vignes de la Vallée d’Alpata dans la région de Colchagua, sont la base de son vin de prestige nommé Alka, 100% Carmenère.
Le Carmenère est aussi cultivé au Pérou et en Argentine, en Californie et en Italie.

Le Carmenère en France

Peu vinifié en France, il donne pourtant un vin rouge riche et très coloré avec le cabernet-sauvignon et le merlot. Il est assemblé aux Châteaux des Chapelains, Trianon, de Pressac, Brane-Cantenac… pour donner du pep’s et de personnalité au vin. Sur les coteaux de l’Isle, Château Damase Carmenère est un Bordeaux Supérieur rouge, issu de ce cépage sur une parcelle de 1 hectare exposée plein Sud. Ce 100% Carmenère a des notes de poivrons, de poivre rouge et de poivre noir ; il est rond et équilibré.

Entre deux vins

«Entre deux vins ne fait que de la rareté» dit Sandrine Jacotot. Sa cave propose des cépages singuliers, des 100% ignorés. L’ex restauratrice déniche seule des 100% Carménère et les dernières bouteilles de Bouchalès. «J’ai un Bordeaux sup aux arômes de Pétrus, un foudre de chêne Bio, un 100% Petit-Verdot». Elle aime le tannique, le concentré, les mains dans la terre, pas trop boisé.
193 rue Fondaudège 33000 Bordeaux Tél : 06 75 77 57 86 www.entredeuxvins.com/ ouvert du mardi au samedi de 10h à 21h

Lire le Vin, le Rouge, la Chine : les 145 vignobles français achetés par les Chinois sont décrits, dont 137 châteaux bordelais. Pourquoi ces vignobles sont-ils en vente ? Pourquoi les Chinois les achètent-ils ? 250 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset. Mises à jour régulières de la version numérique 8€, et tous les 3 mois pour la version papier 20€, en vente en librairie et sur le site www.levinlerougelachine.com