La Chine investit en Grèce

03 03 15 – Le 26 janvier 2015, la presse annonçait : « Contre l’austérité, la Grèce donne le pouvoir à Syriza ». Mais après la très nette victoire de son parti, le jeune leader de la gauche radicale Alexis Tsipras est devenu 1er ministre. Depuis, le Port d’Athènes (OLP) s’est réjoui de l’arrêt de son processus de privatisation

La Chine investit en Grèce

Le port du Pirée

Sur les 2 terminaux, gérés depuis 2009 par l’entreprise PCT (Piraeus Container Terminal), filiale de l’armateur chinois COSCO (China Ocean Shipping Company), des dizaines de grues électroniques, directement importées des usines chinoises, traitent des centaines de containers. Avec 4 autres entreprises chinoises, ils possèdent 67% des parts de l’Etat grec dans la société du port du Pirée pour une durée de 35 ans.
Mais Alexis Tsipras a annoncé le gel de la privatisation et les conditions d’attribution de la gestion à COSCO seront réexaminées. Jeudi 29 janvier 2015, Shen Danyang, porte-parole du ministère chinois du commerce, s’est dit «très préoccupé» par l’arrêt de la privatisation du port : «Nous comptons exhorter le gouvernement grec à protéger les droits et intérêts légaux des sociétés chinoises en Grèce». L’armateur, n°4 mondial pour le transport maritime de conteneurs, a investi 230 millions d’euros dans le chantier d’extension du terminal III pour améliorer la desserte maritime ; il a créé 1000 emplois. Grâce aux investissements chinois le Pirée est devenu une véritable plaque tournante du transport, profitant aussi à la Chine car 80% de marchandises chinoises arrivent en Europe par la mer.

Lors du Nouvel an chinois du 19 février 2015, Alexis Tsipras a adressé des vœux chaleureux à la Chine ; la 18ème flotte d’escorte de la marine chinoise a offert une réception au Pirée, lors de laquelle il a déclaré : «Nous allons explorer de nouveaux moyens de coopération entre la Grèce et la Chine,  avant d’ajouter qu’il y a un grand potentiel pour les relations bilatérales dans le transport, le chemin de fer, le tourisme, la culture et la défense ». À cette occasion, l’amiral commandant la flotte a remercié la Grèce pour l’aide qu’elle a apportée à l’évacuation des Chinois présents en Libye après l’assassinat de Mouammar Kadhafi.

COSCO a conclu un accord avec la compagnie de chemin de fer publique grecque pour construire un corridor de fret ferroviaire vers le centre de l’Europe, via la Macédoine, la Serbie et la Hongrie, pour un coût de 1,5 milliard d’euros. Un accord a été signé avec ces trois pays. « Nous sommes désireux de continuer à renforcer la coopération et les échanges avec le nouveau gouvernement grec sur la base du principe de respect mutuel et de gagnant-gagnant pour favoriser le développement continu des relations sino-grecques », a dit Hua Chunying, porte-parole de Pékin.
La Chine investit un pays en proie à une administration instable et à la régulation souple ; un pays en crise est un pays vulnérable. L’intérêt chinois pour la Grèce ne date pas de la crise mais de 2005.

« Si nous voyons que l’Allemagne demeure intransigeante et veut faire exploser l’Europe, alors nous devrons recourir à un plan B », a confirmé Panos Kammenos. L’idée d’un rapprochement avec Moscou sonne comme une provocation à l’heure où l’Europe tente de se montrer unie contre la politique de Vladimir Poutine en Ukraine.

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 Dessin : Tu crois qu’on peut les arnaquer comme l’UE ? © Reuters