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Réflexion : le vin, grand méconnu du made in China – Hebdo Vin Chine de Laurence Lemaire Blog Vin Bordeaux Chine

Réflexion : le vin, grand méconnu du made in China

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09 12 17 – En un tour de main, la Chine s’est hissée au rang des grands acteurs viticoles.
Santé, effet de mode, couleur, hausse du niveau de vie, lutte contre la corruption, fascination pour l’art de vivre français. A chaque Chinois sa drôle de raison de produire ou consommer du vin

Réflexion : le vin, grand méconnu du made in China

Des œnologues français et chinois reviennent sur cette nouvelle tendance à l’œuvre chez le géant asiatique, diamétralement opposée à la culture du vin dans l’Hexagone.
Source : Justine Hugues le 05/12/2017

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Dans le Yunnan, au pied du Kawa Karpo

La chaîne de montagnes sacrées culmine à 7000m à la frontière tibétaine ; là, se trouve le domaine XiaoLing, soit la crête de montagne dans les nuages. C’est dans ce décor majestueux que travaille Mu Chao, jeune chinois ayant poussé dans une ville côtière au nord de Shanghai, mûri à Dijon et mis en fût dans différents domaines prestigieux, de la Bourgogne à la Californie. Pour ce passionné de biochimie, comme pour Li Xiaoxi qui a également étudié en Bourgogne avant de se lancer dans le commerce vinicole à Pékin, l’intérêt pour le vin grandit en Chine.
Selon les dernières statistiques de l’Organisation internationale de la vigne et du vin, la Chine décrocherait la 2ème place mondiale pour la superficie de son vignoble, après l’Espagne et devant la France, et la 6ème place pour sa production.

Le vin est bon pour la santé

Parce ce que le vin contient des composés phénoliques, remparts contre les maladies cardio-vasculaires voire contre certains cancers, disent Mu Chao et Li Xiaoxi, les Chinois délaissent progressivement leur baijiu au profit des vins. Pour Stéphanie Sauvigné, œnologue française ayant posé son mustimètre à Pékin depuis quelques années, l’étiquette joue également un rôle majeur : «Partout où l’on va, on traîne cette image d’élégance, de romantisme et de bon goût ». Ressenti partagé par Li Xiaoxi : « Grâce au Romanée-Conti ou au Château Lafite, le vin représente une façon de vivre très chic, bien qu’éloignée de notre culture traditionnelle. On voit toute une classe moyenne de 30-40 ans qui habitent à Pékin, Shanghai, Canton, qui ont un beau métier et aspirent à boire du vin lors de fêtes entre amis, en rentrant du boulot, au cours d’un repas familial ».

Le goût

Quand il s’agit d’expliquer l’engouement pour le vin, le goût est aux abonnés absents. D’ailleurs, pour atténuer le côté astringent ou acide du vin, peu apprécié des palais chinois, on y ajoute allègrement du Coca, de moins en moins parait-il. « Le vin blanc n’est pas beaucoup apprécié (il tente à l’être grâce aux goût des femmes chinoises), tant par son acidité que par le poids symbolique et culturel de la couleur rouge », explique Stéphanie Sauvigné. « Le rouge en Chine c’est porte bonheur, festif, c’est aussi un signe d’appartenance à une communauté ».
Pour Mu Chao, la démocratisation du vin serait également liée à la politique anti-corruption menée par les autorités chinoises depuis 2012.  La consommation et l’offre d’alcool blanc sont proscrites des repas d’affaires, laissant la part belle au vin et sa glorieuse réputation.
Les perdants de cette nouvelle tendance sont les crus chinois. Pour Li Xiaoxi, «comme on a souvent des problèmes dans l’alimentation, les chinois pensent que les bons vins sont nécessairement importés. Si c’est fait en Chine, ce sera presque toujours vu comme du faux : de l’alcool mélangé à de l’eau et des arômes

Technologie de pointe et cuvée chinoise réussie

« Il y a en Chine des domaines viticoles qui sont même mieux équipés qu’en France, confie Mu Chao ; des pressoirs verticaux de dernière génération, des belles cuves inox thermorégulées, des érafloirs très soft, des pompes péristaltiques qui respectent mieux le vin. Il y a encore du chemin pour améliorer la qualité mais on apprend très vite ».
Beaucoup de ces domaines, créés clé en main par des consultants étrangers exportant leur modèle, ont récemment essaimé en Chine.
La différence avec la France, pour Mu Chao, « ce n’est pas tant la cave mais la vigne et le terroir. Sachant que 80% du travail y est fait, c’est là qu’on devrait progresser ! »
Selon Stéphanie, «Quand on observe l’environnement des vignobles français, on voit que la spécialité culinaire s’associe toujours bien au cru produit. En Chine, le vin peut être très bon mais on a un peu l’impression que si la banane avait été à la mode, alors ce sont des bananiers qui auraient été plantés et non des vignes ».

L’œnologie intéresse la jeunesse citadine

« Lorsque j’ai fait une intervention sur les vins de Bourgogne à la faculté d’agriculture de Pékin, raconte Stéphanie Sauvigné, œnologue française, la formation théorique a beau être excellente, beaucoup, si ce n’est tous – profs inclus-, n’avaient jamais vu un domaine de leur vie ».
Ecoles privées, spécialités universitaires, apprentissage en ligne via des plateformes ou des blogs : la filière du vin est en pleine expansion. Les métiers associés au commerce et marketing sont préférés à la production. « Pour des raisons géographiques, dit Li Xiaoxi, les jeunes n’ont pas forcément envie de s’éloigner de leur famille pour aller au fin fond de la campagne ».
Pour Mu Chao, si l’œnologie semble être populaire chez les jeunes citadins, elle décourage vite : «Beaucoup d’étudiants formés abandonnent la production, car faire du vin, c’est quand même physique, s’occuper de la vigne, c’est encore autre chose… »

le Vin, le Rouge, la Chine

Edition n°12
Les 151 vignobles français achetés par les Chinois sont décrits : 139 Châteaux de Bordeaux, 10 vignobles en France, 2 Maisons de cognac.
Pourquoi ces vignobles sont-ils en vente ? Pourquoi les Chinois les achètent-ils ?
250 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset.
Version numérique en PDF mise à jour au quotidien – 8€, et sa version papier en librairie mise à jour tous les 3 mois sont en vente sur ce blog et sur le site www.levinlerougelachine.com

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